Kara.MI

Sankaï-Juku revient à Paris au Théâtre de la Ville pour présenter, du 26 avril au 4 mai en première mondiale, KARA.MI , une création plus lente, plus méditative encore que les précédentes, si cela est possible, mais qui nous emporte à nouveau dans le monde hypnotique et fascinant de beauté qui est celui d’Ushio Amagatsu et de ses sept comparses.

KARA.MI est la  » pulsion double de l’âme et du corps « , dualité évoquée également par les panneaux verticaux translucides entre lesquels évoluent les danseurs et reproduisant les réseaux artériels et veineux, rouges et bleus.

Ces hommes aux crânes rasés, entièrement maquillés de blanc, couverts de longues robes couleur sable, sont des mages capables de se métamorphoser en animaux, en insectes, leurs mains aux doigts rouges s’agitant comme des papillons.
Ils peuvent aussi bien se transformer en plantes agitées par le vent, en algues ondulant au grès des courants, en minéraux figées pour quelques instants d’éternité dans le sable gris qui poudre la scène. Et ils évoluent ainsi au centre du néant, comme incrédules d’être venus à la vie, impuissants à comprendre les forces qui les animent, mais avec cette profondeur toujours, cette force expressive d’une conscience ouverte, ébahie, éperdue.

Les chorégraphies évoquent des rituels venus du fond des âges, exécutés sur des nappes sonores de facture très contemporaine, sans que cet anachronisme ne puisse choquer personne.
Il y a là pourtant sans doute une faiblesse du spectacle : la puissance et l’envergure de cette création, ce monde de rêve d’autant plus fascinant qu’il nous semble à la fois étrange et familier, si simplement humain et pourtant presqu’extraterrestre, mériterait sans doute un autre espace musical, plus vaste, plus violent et plus contrasté.

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